Hachi Mawashi: Comprendre sa visée et adapter sa pratique.
Le site de nos amis du club de Moissy-Cramayel (77) de sensei François Guerrieri (ci-dessus) défini le Hachi Mawachi comme signifiant "Tourner la bordure du casque". En effet cette technique déjà utilisée par les samouraï consistait autrefois à effectuer une projection vers l'arrière pas rotation de la tête suivie de celle de tout le haut du corps de l'adversaire. Pendant la guerre du Pacifique (2ème guerre mondiale), l'infanterie japonaise utilisait toujours cette techniques contre les troupes de Marines américaines, tellement elle avait fait preuve de son efficacité! Cela poussa les américains à s'adapter contre l'avantage japonais au corps à corps en dessanglant les attaches jugulaires de leurs casques de combat pour donner moins de prise à l'ennemi.
ci- dessus un extrait de la série tv "The Pacific"
Mais en dehors de projeter l'adversaire au sol, quel est la finalité de la prise?
On croit souvent à tort, pour avoir vu de nombreux films à la "rambo" que la technique vise à "briser" les cervicales. Cela est vrai... en partie. Car ce qui se passe au niveau cervical est plus subtil.
Dans le cas d'une force extrême et face à un adversaire à faible musculature, et pris par surprise, on peut d'abord avancer que l'effet de cisaillement de 2 vertèbres puisse provoquer une atteinte de la moelle épinière et provoquer l'arrêt cardiaque (ou du moins l'arrêt respiratoire). Cependant la plupart du temps, la technique du hachi mawashi est rendue létale sans qu'une grande force soit nécessaire, seulement de la précision: c'est la mort par hémorragie interne.
Au niveau des cervicales s'insèrent latéralement des artères. Ce sont les artères cervicales, elles passent par de petits trous dans les processus transverses à chaque étage. Lors d'une rotation violente, celles-ci peuvent alors se rompre si leur capacité élastique est surpassée par la vélocité du mouvement.
De la nécessité de travailler à puissance modérée au dojo.S'il paraît évident de ne pas rechercher à blesser volontairement son partenaire d'entraînement, il est bon d'attirer l'attention sur les risques que représentent l'exécution de cette technique alors même qu'elle semble pourtant réalisée sans danger. Il faut signaler que lors de l’exécution répétitive, hachi mawashi peut occasionner des micro-lésions sur l'intima qui est une des 3 couches de tissu organique composant une artère avec la média et l'adventice. Cela sera alors sans danger immédiat pour le partenaire. Toutefois cette "dissection " de l'artère pour utiliser le jargon médical est potentiellement une bombe à retardement pour le pratiquant. Sur le long terme, le flux sanguin à la zone de lésion devient tourbillonnant et peut aboutir sur la formation d'un caillot sanguin. A partir de ce moment, on peut sans problème deviner l'hypothèse de l'accident vasculaire cérébral: il suffit que le caillot soit délogé après une chute par exemple et vienne boucher une artère plus étroite.
Mon but n'est bien sûr pas de vous effrayer, sur le hachi mawashi. Mais la sensibilisation que reçoivent les ostéopathes à propos des pratiquants de sports de combat mérite quand même une prise de conscience.
En ostéopathie, avant d"effectuer une technique cervicale, certains tests particuliers sont effectués sur les pratiquants de haut niveaux de sports de combat. Le but étant de ne pas provoquer d'AVC pendant l'administration du soin manuel apporté. Par exemple le patient sera soumis au test de Adson (ci-dessous). Celui-ci consiste pour le praticien à constater ou non un changement de pouls furtif dans le bras lors de la rotation de tête. Si le test est positif, que le patient se plaint de mal de tête, de voile noir, de déséquilibre, d'étourdissement,etc. on peut dans ce cas supposer qu'une artère est comprimée ou atteinte de dissection et inviter à faire des examens complémentaires. Les sujets en surpoids et les cinquantenaires ont d'autant plus de risques d'être touchés à cause de dépôt graisseux pour les uns, et la perte naturelle d'élasticité des parois artérielle pour les autres (moins de protéines élastines secrétées).
Comment donc augmenter la sécurité de sa pratique sur le long terme?Encore une fois, il paraît bête mais nécessaire de rappeler l'importance de l'échauffement progressif des pratiquants, adapté au programme de la séance. Il doit être à la fois cardio-vasculaire mais aussi ostéo-articulaire et psychologique. Enfin il peut être appréciable de prévenir le partenaire de la technique et d'appliquer une force et une vélocité très modérée, en dehors d'une démo ou d'un examen de grade.