Quelques pistes pour élucider les secrets de cette technique INSUPPORTABLE
ci dessus maître Rivera se préparant à un atemi après avoir soumis son partenaire à une clé en ZExiste t-il un seul Nihon Tai-Jitsuka qui ne frissonne pas d'appréhension à l'énoncé du nom de la plus douloureuse clé de bras de notre discipline? Sûrement celui- qui la fait je pense ^^...car la semaine dernière j'ai encore constaté avec amusement dans plusieurs clubs que cette clé était redoutée pour son efficacité par nos pratiquants. C'est alors naturellement que j'ai pu me demander: "d'accord nous savons comment la faire, mais savons-nous pourquoi elle est aussi efficiente au point de mettre Uke à la soumission, sinon à l'abandon?"
ci dessus maître Hernaez enseigant la clé en Z avec maître LarivièreCette problématique de la clé de bras à l'esprit, j'ai alors entrepris de discuter par ci par là avec quelques haut-gradés, observé scrupuleusement les techniques et approfondi mes vieux cours de biomécanique de BEES1 et interrogé mes quelques connaissances en Ostéopathie pour tenter d'y répondre. Voici donc les conclusions de ma réflexion et je serai heureux de les voir commentées (voire corrigées) , surtout par des plus spécialistes que moi.
D'abord le bras qu'est-ce que c'est? On a souvent la mauvaise habitude d'employer "bras" pour évoquer le membre supérieur, alors que le bras n'est en réalité qu'une des 3 parties du seul membre appendu de l'être humain chez qui l'essentiel des forces mécaniques exercées n'es pas d'origine gravitaire ou de réaction du sol mais bien musculaire. Ainsi, ce membre est composé du bras, de l'avant-bras et de la main. Cela peut sembler apparemment bête de le rappeller, mais c'était tout de même nécessaire pour nous amener à ce qui intéresse le budoka dans les luxations: les articulations.
Dans le membre supérieur il en existe 3 qui permettent de relier entre eux, puis au tronc les trois fameux segments vus plus haut:
- l'épaule dont le rôle est d'orienter l'appendice
- le poignet qui a la fonction de pince
- et le coude qui permet l'adaptation entre les deux
Ces quelques points d'anatomie soulignés, comment fonctionne l'ensemble?
Il faut savoir que dans le corps humain, le membre supérieur est exclusivement conçu fonctionnellement pour réaliser un mouvement combiné d'extension+ pronation
ou de flexion+supination. Pour imager, dites-vous que vous ramassez quelques chose avant de le ramener en direction du visage pour le regarder de plus près/ le manger. Ainsi tout mouvement (surtout répété!) qui va à l'encontre de cette logique est
délétère pour les articulations vues plus haut et par conséquent potentiellement
pathologique.
De là, quand on observe la cinématque de la clé en Z, on s'aperçoit que nos ancêtres martiaux au Japon avaient bien pensé la chose car tous les mouvements délétères (donc néfastes) aux 3 articulations sont réunis ici : pour la simple et bonne raison qu'allant à l'encontre de la mécanique normale du membre supérieur:
-L'épaule est non seulement bloquée en un conflit sous-acromial ( les tissus mous du muscle coiffe des rotateurs et autres sont écrasés en butée osseuse comme dans un étau naturel)
- Mais on se retrouve également dans une configuration flexion-pronation qui est néfaste au coude puisque ni flexion+supination ni extension+pronation (Les tendons latéraux des muscles viennent douloureusement frotter contre les bords osseux du coude).
- Enfin le poignet est exploité de manière à ce que la contrainte exercée sur les tissus ne puisse être absorbée par les flexions des os habituelles. C'est à dire que si la flexion de l'os scaphoïde est parfaitement adaptée à l'inclinaison latérale vers le pouce (dite "radiale") grâce à une absorption des contraintes de forces (lors du serrage de la main par exemple), des contraintes en inclinaison latérale vers le petit doigt (dites "ulnaires")ne bénéficient pas des mêmes avantages anatomiques lors de la clé en Z!
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De ce fait, on comprend mieux pourquoi cette clé fonctionne si bien sans même avoir à forcer, et pourquoi d'autres moins, voire pas du tout. Toutefois, au-delà de cette mise en avant de la réunion de tous les facteurs de risques rassemblés habilement dans cette clé, cela doit nous amener parallèlement à réfléchir sur nos habitudes d'entraînement. Car si on comprend maintenant que l'on peut endommager instantanément et simultanément plusieurs articulations, il faut noter que les pathologies que j'ai présenté pour le démontrer sont des pathologies de répétitions. Alors oui évidemment, le corps est une fabuleuse machine et permet de s'adapter à des mouvements occasionnels qui sont biomécaniquement imparfaits et grâce auxquels ont peut épater les copains-copines avec de splendides tractions de bras en pronation...
Mais peut être réaliserez-vous peut être désormais, que si vous voulez conserver un Uke ou vous même avec des articulations en bon état, il serait appréciable de modérer la puissance que vous mettez dans vos clés en Z pendant le simple entrâinement, pour plutôt la réserver à des occasions qui le nécessitent vraiment: randori, compétition, passage de grade, démo, etc. Cela vous permettra de conserver ainsi des articulations saines plus longtemps et profiter agréablement de votre pratique du Nihon Tai-Jitsu!!